Témoignage : Comment CASIS pilote sa croissance ?

CASIS (CArdiac Simulation Imaging Software) est une MedTech de 28 collaborateurs, spécialiste de l’imagerie cardio-vasculaire. Ses solutions aident les praticiens à analyser des IRM cardiaques et à détecter d’éventuelles pathologies. L’entreprise, née à Dijon en 2016, a été sélectionnée en 2021 pour intégrer la première promotion de l’accélérateur Future4care. Ayant procédé début 2023 à une levée de fonds, CASIS aborde l’année avec l’ambition d’intensifier son effort commercial.

Jean-Joseph Christophe est le Directeur-Général de CASIS. Il revient sur un parcours de six années, qui commence en réalité bien avant la création de l’entreprise et qui s’est fait grâce à l’appui et conseils d’industriels et de business angels…

Une IRM cardiaque, c’est plusieurs milliers d’images en une quinzaine de séquences. Chaque séquence nécessite une à plusieurs études. C’est pourquoi l’assistance à l’analyse des radiologues imageurs ou des cardiologues imageurs est un enjeu majeur, et l’objet de travaux depuis plusieurs décennies.

De fait, des offres sont disponibles depuis la fin des années 1980. Mais le marché a véritablement démarré depuis une quinzaine d’années. Si les constructeurs de machines d’imagerie médicale proposent chacun une solution intégrée basique, les solutions les plus avancées sont portées par des acteurs indépendants des fabricants. La gamme QIR Suite proposée par CASIS relève de la dernière génération technologique. Elle réduit d’un facteur 10 le temps d’analyse du médecin. En effet, nous utilisons des algorithmes d’intelligence artificielle pour détecter des signaux faibles sur des IRM, classiques ou IRM de flux 4D. Mais aussi pour calculer des paramètres cliniques.

Le premier QIR (Quantified Imaging Resource) est né au début des années 2000 au CHU de Dijon. La solution originelle a été développée par Thomas Decourselle, Docteur en Instrumentation et Informatique de l’Image, à partir des travaux de thèse d’Alain Lalande, maître de conférences des universités et praticien hospitalier. Ce logiciel originel a permis d’identifier une pathologie de l’aorte, découverte qui a fait l’objet d’une publication dans Nature Genetics. CASIS est né en juin 2016, en spin-off du CHU de Dijon, pour accélérer le transfert de la recherche académique vers les applications cliniques.

Nous évoluons dans un domaine où les coûts de développement sont élevés. Nous avons démarré avec le soutien de business angels de l’écosystème régional et d’investisseurs rencontrés à travers une plateforme de crowdfunding. Nous bouclons en ce début d’année une opération d’augmentation de capital auprès de nos investisseurs historiques et d’experts de notre domaine, afin d’accélérer notre développement commercial.

En 2021, CASIS a intégré Future4care, le plus important accélérateur de e-santé en Europe, créé par une alliance entre Capgemini, Generali, Orange et Sanofi. Nous avons été sélectionnés parmi 150 dossiers au sein de la première promotion de start-up de la santé, en raison de notre maturité technologique. Nous disposons d’un accès à des locaux à Paris mais surtout d’un accompagnement expert en matière de stratégie commerciale, de réseautage et de recherche de fonds.

2022 marque un tournant dans notre jeune histoire, avec un effort pour aborder les marchés de manière structurée. Nous avons enregistré nos premières ventes, en France, en Italie, aux États-Unis, en Chine et à Taïwan. Ces premières ventes représentent un apport bienvenu de chiffre d’affaires et la légitimation de notre technologie. Elles fournissent aussi l’opportunité de disposer de retours d’expérience diversifiés, complémentaires à nos collaborations historiques. La prochaine version disponible de nos solutions intégrera évidemment ces précieux enseignements.

Ce qui est très important pour l’avenir, c’est que nous avons largement dérisqué notre projet :

QIR bénéficie du marquage CE, est autorisé par la FDA américaine, son équivalent à Taïwan et le sera bientôt au Japon.
Le système de management de la qualité de CASIS est certifié ISO 13485, spécifique aux dispositifs médicaux.
Notre propriété intellectuelle est protégée par un brevet en France, aux États-Unis et au Japon.
Notre solution est compatible avec les machines d’imagerie médicale des principaux constructeurs et avec l’environnement informatique des praticiens.

En matière d’intelligence artificielle, l’accès aux données est fondamental. Nous avons besoin d’agrandir notre écosystème local, de façon à pouvoir collaborer de façon suivie avec d’autres centres d’expertises que le CHU Dijon Bourgogne. Ensuite, indépendamment de l’opération en cours, nous avons besoin de financements pour continuer à nous faire connaître sur le marché mondial. Même si nous maîtrisons plutôt bien l’art de faire beaucoup avec peu de moyens, il est clair que jouer dans la même catégorie que les 3 leaders implique de changer de braquet. Nous sommes confiants dans notre technologie et dans le fait que le marché est en forte croissance, avec des attentes fortes de la part des médecins. D’ailleurs, les marchés financiers ne s’y trompent pas, puisque la dernière transaction importante, qui remonte à avril 2022, s’est conclue autour d’un peu plus de 210 millions de dollars.

L’industrie de santé avec laquelle nous discutons aujourd’hui, c’est la filière des constructeurs de systèmes d’imagerie médicale. Le marché mondial est écrasé par 3 acteurs : Siemens, General Electric et Philips. Nous avons des relations suivies et constructives avec tous les 3, avec l’objectif d’être le mieux référencés possible dans leurs environnements respectifs.

BFCare est derrière nous depuis notre adhésion. En particulier, faire partie de l’association nous a vraiment servi pour initier des relations utiles avec d’autres adhérents. Nous parlons de partage d’expérience et de coups de main dans certaines situations inédites pour nous. L’expertise de BFCare est également précieuse en termes de communication. Et sa proximité avec le Leem est évidemment un atout pour accéder à de nouvelles opportunités de collaborations.