FOCUS : L’e-santé

L’industrialisation des solutions de santé portées ou soutenues par les entreprises du médicament

Favoriser le passage à l’échelle des solutions de santé numérique

 

Appuyé par Accenture, le Leem a lancé une étude pour identifier les leviers qui permettraient de favoriser l’industrialisation des projets de santé numérique.

Nathalie Manaud, la Directrice Innovation du Leem, a coordonné la rédaction du rapport final de l’étude. Elle en partage les principaux enseignements avec les adhérents du Pôle BFCare.

 

 

Un lien historique entre l’industrie de santé et les projets innovants de santé numérique

 

La crise du Covid a accéléré l’utilisation du digital en santé. Par exemple, on a enregistré plus d’un million d’actes de télémédecine par semaine au plus fort de l’épidémie, contre une moyenne de 10 000 avant la crise. La majorité des solutions disponibles visent l’optimisation de la prise en charge du patient et de la pratique médicale. Elles ciblent également l’amélioration de l’état de santé.

« Dans tous les cas, les solutions de e-santé tendent toutes à réduire indirectement les coûts pour le système, en visant une meilleure efficience ou en prévenant les risques et les rechutes », observe Nathalie Manaud.

L’étude du Leem met en évidence l’implication historique des industriels du médicament dans le développement de la santé numérique. Sur le territoire national, plus de 150 solutions numériques portées ou soutenues par des industriels du médicament ont été identifiées.

« Les industriels participent notamment au développement de la e-santé par un soutien aux start-up. Dans plus de 60 % des cas, ce soutien prend la forme d’un sponsoring, à travers de nombreux incubateurs et hubs. Pour 25 % des solutions, des partenariats contractualisés sont mis en place. Enfin, près de la moitié des principales start-up de la santé numérique sont accompagnées par les entreprises du médicament. »

 

Un soutien nécessaire au développement de la e-santé en France

 

Nathalie Manaud souligne un paradoxe : « Le marché des solutions de e-santé connaît en France un engouement sans précédent. Malgré cela, les difficultés pour le passage à l’échelle se ressentent sur l’ensemble du cycle de développement du produit. Et tous les acteurs sont concernés. »

L’étude établit très clairement que les industriels sont des partenaires clés dans le développement et la structuration du secteur de la e-santé en France. L’absence de leur soutien freinerait très certainement le développement de près de la moitié des start-up.

 

Aucun lien direct n’a pu être formellement établi entre accompagnement des jeunes pousses par les industriels du médicament et accès au financement des projets. Pour autant, l’étude démontre que 52 %, a minima, du top 25 des start-up de la e-santé ayant levé le plus de fonds sont soutenues par des industriels. En 2018, 38 % des jeunes pousses ayant levé des fonds étaient soutenues par des industriels et concentraient à elles seules 56 % des fonds levés.

 

Mais il y a un autre aspect : « Les industriels constituent également un levier d’accélération pour de nombreux jeunes acteurs. Le volume levé par les start-up accompagnées a quasiment été multiplié par 3 entre 2018 et 2021, avec essentiellement des levées en phases précoces. »


Des pistes pour améliorer l’efficacité des coopérations

Sans surprise, l’étude démontre que le soutien des industriels se matérialise concrètement essentiellement là où un modèle économique existe ou est anticipé. « Les solutions dont l’usage reste à confirmer, dans l’attente d’une voie d’accès au marché adaptée, ne sont pas majoritairement soutenues », précise Nathalie Manaud.

 

Au final, que retenir de l’étude ?

D’abord, il convient de souligner l’exceptionnelle opportunité que représente la e-santé pour l’écosystème global et la dynamique d’innovation. « Le numérique en santé connaît un momentum dont chaque acteur peut et doit se saisir sous peine d’engendrer une perte de chance pour le patient. Mais aussi de réduire l’attractivité de la France pour les fournisseurs de ces solutions, alors même qu’elle fait aujourd’hui partie des pionniers du domaine. »

Ensuite, quatre leviers de succès apparaissent comme à la source des success stories distinguées par l’étude, dont le quatrième dépasse au demeurant le cadre de la coopération industriel/start-up :

  • Co-construire le cadre de la démonstration de valeur des solutions numériques.
  • Adapter la gouvernance et définir un process d’accès au marché tenant compte des spécificités des dispositifs numériques de santé.
  • S’engager sur des délais d’évaluation compatibles avec le modèle économique des start-up.
  • Construire une politique de fixation du prix qui permette le développement du numérique santé en France.

 

Pour plus d’information sur l’étude, contactez Sylvie@pole-bfcare.com ou le LEEM.