Comment les biotechs séduisent les investisseurs
Les biotechs ont le vent en poupe et les start-ups dijonnaises figurent parmi les plus dynamiques du secteur. Avec le soutien de l’Europe et des marchés financiers, les fonds levés en bourse ne cessent de progresser (+ 35 % en 2020, source : Mc Kinsey). En France, grâce au soutien d’un réseau de fonds spécialisés et l’implication de Bpifrance, le capital-investissement est même devenu la première source de financement de ces start-ups.
La France se hisse à la deuxième place en Europe (après le Royaume-Uni) en termes de montants levés et de nombre d’opérations financières réalisées. Illustration parfaite de cette dynamique, la Dijonnaise Inventiva, cotée sur Euronext, a ainsi réussi son introduction en bourse aux États-Unis, levant 90 millions d’euros en juillet. C’est l’une des rares sociétés françaises cotées sur le marché européen et américain. Autre start-up dijonnaise, MYXpression a elle aussi réussi sa levée de fonds de 2,4 millions d’euros. Les dirigeants de ces deux entreprises ont passé tous les obstacles et, revenant sur leur parcours, glissent quelques conseils aux dirigeants souhaitant se lancer à leur tour. C’est un parcours « long et fastidieux », mais néanmoins indispensable pour se développer et franchir une à une les étapes vers la commercialisation, expliquent-ils. « Il faut savoir anticiper car c’est un cycle industriel long qui nous attend », indique Jean Volatier, le directeur administratif et financier d’Inventiva. Une course contre la montre est alors lancée pour ces biotechs innovantes qui doivent investir avant de commercialiser le fruit de leur travail. La recherche est une étape longue et les phases nécessitent des investissements lourds, « plusieurs centaines de millions pour passer la phase 3 », indique Jean Volatier. Les start-ups doivent apprendre vite, très vite, à séduire les investisseurs : il faut « identifier les investisseurs, comprendre ce qu’ils attendent puis les convaincre et enfin négocier », indique Jean-François Prugnot, le président de MYXpression.
Les deux dirigeants dijonnais sont d’accord : les investisseurs recherchent des entreprises innovantes menées par des dirigeants aux profils complémentaires. « Une équipe dotée de compétences techniques et scientifiques solides mais pas uniquement d’un comité scientifique, épaulée par une équipe de management avec un background solide », précise Jean Volatier. Chez MYXpression, Jean-François Prugnot affiche sa complémentarité avec Jean-François Robineau – le premier était directeur des ventes dans l’industrie pharmaceutique, le second est biologiste, doctorant en mathématiques, il a par ailleurs passé une thèse en intelligence artificielle. Jean Volatier complète en évoquant « la discipline à mettre en place afin de répondre aux exigences réglementaires, en particulier pour les biotechs cotées soumises à la transparence du droit boursier ». La levée de fonds est devenue indispensable pour l’éclosion des PME du secteur de la santé. Les projections de Bpifrance confirment cet élan puisque la banque d’investissement a l’ambition d’investir 1,8 milliard d’euros dans le secteur de la santé à l’horizon 2024.
La levée de fonds expliquée par un capital risqueur
Marc Blondet est directeur d’investissement en charge de la Bourgogne-Franche-Comté chez Finovam Gestion. Ce fonds de capital-risque indépendant accompagne « les entreprises innovantes et ambitieuses » en phase d’amorçage. « Nous finançons le développement et l’innovation de sociétés dont l’exploitation est quasi nulle, indique-t-il, en tout cas avec une rentabilité non atteinte ». Un premier tour de table de 300 000 à un million d’euros. L’investisseur souhaite démystifier la levée de fonds. Il précise qu’il s’agit avant tout d’une association. « L’équipe dirigeante ouvre son capital pour les aider à se développer. Ils restent propriétaires de leur société. »
Des effets positifs
Selon lui, la levée a bien d’autres qualités. Elle a des effets positifs sur la crédibilité de la société, « les entreprises s’en servent pour communiquer », précise Marc Blondet. L’arrivée d’un nouvel actionnaire exerce une pression positive sur les dirigeants, appelés à se poser les bonnes questions. Mais c’est surtout l’effet levier qui est recherché. L’apport en fonds propres débloquera d’autres financements non dilutifs comme les prêts bancaires et les aides.
Un conseil pour les dirigeants qui réfléchissent à se lancer dans une levée de fonds ? « Nous recherchons des projets innovants et ambitieux soutenus par une équipe dirigeante plutôt que par un chef d’entreprise seul, avec des profils complémentaires, pas seulement techniques mais aussi des business développer », conclut l’investisseur.